Ma rue ce microcosme incarne la gloire du multiculturalisme,
de la mixité sociale, ma rue c’est l’anarchie ordonnée, c’est le règne illusoire
de la versatilité. Chaque matin, les
hommes de tout horizon s’affairent sur le goudron blême. Il y a le balayeur, un
authentique héros dans la lutte acharnée contre les immondices, sans se mettre
martel en tête, il pourfend les déchets
d’un coup de pique ajusté. Il y a les hommes en cravate, les faibles jouets d’une
conscience supérieure, qui pressent le pas pour arriver à l’heure et éviter ainsi
les remarques acerbes de l’hypothétique cerbère qu’ils ont pour supérieur
hiérarchique. Leurs regards sont
carnassiers, ils semblent prêt à tout pour devenir les maîtres sans se rendre
compte qu’ils bâtissent des châteaux en Espagne. Ils y a tous ces anonymes
aussi, la masse grouillante mais silencieuse de banlieusards générée par la
ville monde voisine, les regards sont
baissés, les pas feutrés. Mais les
hommes sont éphémères, seuls les bâtiments restent. Dans ma rue, les imposants bâtiments
écrasent les passants de leur masse rectangulaire, on est pris à la gorge par
la géométrie cartésienne de l’endroit, par les murs grisâtres, par la monotonie,
par l’architecte dérangé qui a voulu mettre de l’orangeâtre infâme. Parfois,
comme une lueur d’espérance pour les montreuillois, un arbre, visiblement ici
contre son gré, marque le rappel d’un monde meilleur. Ils ne savent peut-être
même pas…Je ne sais pas comment ils font, personnellement, je vais devoir me
mettre à la bouteille.
Mettre deux expressions proches du français, commencer par "Ma rue, ce microcosme" et finir par "bouteille"